JACK BRUCE: Silver Rails (2014)

J’allais me lancer dans la chronique du dernier album de Jack Bruce (ledit Jack qui n’avait rien sorti depuis 2003) quand j’ai appris sa mort. Je ne reviendrai pas sur l’importance de sa contribution au monde musical : tout le monde la connaît. Et bien qu’il ne soit jamais facile de chroniquer le disque d’une légende musicale fraîchement décédée, je vais quand même essayer de mener cette lourde tâche à bien. Alors, que nous avait donc concocté Tonton Jack avant de passer de l’autre côté ? D’abord, cette galette a été enregistrée au mythique Abbey Road Studio. Ensuite, Jack Bruce s’est entouré de grandes pointures de la six cordes (Robin Trower, Phil Manzarena, Bernie Marsden et Uli Jon Roth). Son fils Malcolm tient même le manche sur quelques titres. Les compositions sont marquées par l’extrême musicalité du bassiste dont la voix, qui sonne toujours juste, laisse quand même transparaître l’âge. Quant au contenu, il y en a un peu pour tous les goûts.

« Candlelight », morceau teinté de reggae et de sonorités caribéennes, est décoré d’un solo planant de Phil Manzarena. J’apprécie « Reach For The Night », un slow avec un bon solo d’orgue et de saxo. « Fields Of Forever » est un morceau de pop anglaise par excellence et « Hidden Cities », à la trame compliquée et sévère, correspond parfaitement à la guitare d’Uli Jon Roth. « Don’t Look Now », une très belle ballade avec un solo du fils de Jack, me va droit au cœur. « Rusty Lady », un blues rock au tempo médium qui parle de la mort de Margaret Thatcher, voit l’intervention de Robin Trower. Sur le nostalgique « Industrial Child », Jack Bruce s’accompagne au piano et sa voix frêle et claire est touchante d’émotion. La chanson « Drone », avec sa basse sursaturée, semble directement échappée d’un délire psychédélique « creamien ». J’adore « Keep It Down », un très bon morceau blues mid tempo. Bernie Marsden décore ce titre de sa guitare inspirée et nous sort un superbe solo. Le père Bernie grattera encore de la six cordes sur le blues rock « No Surrender ».

Un DVD d’une vingtaine de minutes sur le « making of » de l’album complète le dernier opus de Maître Jack. A noter, deux moments particulièrement attachants : Bernie Marsden jouant sous la direction de Jack qui le félicite (« That’s lovely ! ») et Uli Jon Roth et Jack Bruce se remémorant de vieux souvenirs du Jimi Hendrix Tribute avec des images d’archives à l’appui.

Voilà. Le temps a fait son œuvre. Un géant de la musique s’en est allé. Rien de plus à dire, son œuvre parle pour lui. Son dernier disque ne décevra sans doute pas ses fans même si ce sont surtout « Sunshine of your love », « I feel free » et « White room » qui trôneront au Panthéon des morceaux cultes.

« Ex fan des Sixties… »

Olivier Aubry